Acte Ⅰ, scène 1, c'est donc le début de la pièce : scène d'introduction. Sganarelle, le valet de Dom Juan, discute avec Gusman, le valet d'Elvire, elle-même la femme de Dom Juan.
Cette tirade est l'occasion pour Sganarelle de dresser son portrait de Dom Juan. On peut observer d'une part le portrait de Dom Juan par Sganarelle, et d'autre part, le portrait que Sganarelle se dresse inconsciemment dans la manière avec laquelle il parle de son maître.
C'est un portrait très négatif de Dom Juan : Sganarelle ne met
en valeur aucune de ses qualités et c'est un portrait à caractère
hyperbolique : le plus grand scélérat
.
Rejet des dogmes religieux : irréligion, athéisme :
qui ferme les yeux à toutes les remontrances chrétiennes
(l66-67). Il y a un effet de gradation qui se fait par
association d'idées :
Immortalité : Dom Juan est comparé à un jouisseur, un profiteur. Il y a nouveau un effet de gradation :
bête brute: principe de la jouissance de la vie, la bête brute obéit à ses instincts.
pourceau d'Épicure: Dom Juan vit comme un porc dans la jouissance, comme les disciples d'Épicure, le philosophe du plaisir.
vrai Sardanapale: Dom Juan est un débauché, comme le roi d'Assyrie.
De plus, Dom Juan est un esprit fort : en plus de son
incroyance, il est provocateur : traite de billevesées
(l67).
Rien ne peut le troubler.
Dom Juan est un épouseur à toutes mains
. Sganarelle donne une
image vulgaire de Dom Juan qui ne considérerait que le mariage
comme un moyen.
Dom Juan se déclasse sur le plan morale : toi, son chien et son
chat
. Il y a un genre de gradation en sens inverse. Dom Juan est
capable de se dégrader, de se déclasser, il est prêt à faire n'importe
quoi. C'est d'autant plus choquant par sa condition de gentilhomme. Il
se déclasse aussi sur le plan social : dame, damoiselle, bourgeoise,
paysanne
. Dom Juan prend les femmes de l'aristocratie, de la
bourgeoisie, de la paysannerie. (nouvelle dégradation). Il est à
nouveau prêt à tout pour une femme.
Dom Juan est indifférent aux âges : ni de trop chaud, ni de trop
froid
. Il est indifférent aux différences. Dom Juan apparaît comme
un personnage indigne, insolent et égocentrique.
Sganarelle se fait passer pour le confident de Dom Juan, il ne
se met pas à sa place de valet : il ne m'a point entretenu
(l60).
Il fait valoir son expérience je n'ai pas grand peine à le
comprendre
(l55). En fait, il dévalorise Gusman en lui montrant
qu'il ne sait rien, et il le met dans le doute et l'incertitude :
je ne dis pas que... mais
(l57). Sganarelle veut se rendre
intéressant auprès de Gusman à travers un portrait hyperbolique et
de nombreuses exagérations.
On peut aussi voir quelle est la culture de Sganarelle : il a
faible culture religieuse : un loup-garoux
⇒
utilisation d'une sous culture populaire et opposition entre : dogme
religieux / croyance populaire, superstition. Il est donc issus d'un
milieu très populaire et il est superstitieux mais croyant.
Il apparaît aussi que Sganarelle admire Dom Juan, qu'il est fasciné, d'où ce portrait très noir, mais passionné (avec de nombreuses gradations et donc d'emportements de Sganarelle).
Sganarelle ne garde pas de réserves envers son maître, et bavard, il le trahit en se confiant à Gusman. Cela peut montrer une certaine lâcheté de Sganarelle, en considérant qu'il le fait derrière le dos de Dom Juan.
Sganarelle apparaît comme le souffre-douleur de Dom Juan et la description qu'il fait de Dom Juan semble être une certaine vengeance. Il est le complice de Dom Juan malgré lui : il a peur de Dom Juan, donc il lui obéit : lâcheté de Sganarelle.
Cette tirade d'introduction permet de présenter les deux plus importants personnages de la pièce : Dom Juan et Sganarelle. On comprend que Dom Juan est irréligieux, libertin, presque diabolique selon Sganarelle. On voit que Sganarelle est un valet issue de classe populaire, qu'il est lâche et qu'il admire mais dénigre son maître.
Cette présentation de Dom Juan peut annoncer la suite des événements, ou du moins soulève le sujet de la pièce : comment Dom Juan va t'il se débrouiller pour continuer cette vie, ou va t'il changer ?
Cet extrait est dans la scène 2 de l'acte Ⅰ, c'est donc le début de la pièce, et c'est de plus la première apparition de Dom Juan, qui à été décrit par Sganarelle, son valet, comme un grand libertin lors de la scène précedente.
En se livrant dè sson premier discours à un éloge de l'infidélité, Dom Juan apparaît sous le visage qui lui est traditionnellement prêté.
Cette tirade de Dom Juan lui donne les moyens de se justifier de ses actions auprès de Sganarelle, qui n' est pas du même avis qui lui. Le thème de cette tirade est celui de l'amour.
Dom Juan veut convaincre Sganarelle. Quoi? tu veux qu'on se lie...
(première phrase) : dédain de Dom Juan pour Sganarelle. Il se montre
ainsi superieur à lui.
Dom Juan ne veut pas être prisonier de ses amours. qui nous
prend
: Dom Juan est passif et n'est pas responsable de cet amour. Opposition
au monde
et pour lui
pour montrer tout ce que l'on manque
juste pour une personne aimée et à quelle point ce serait difficile à
vivre.
Le champs lexical de la fidélité conjugale (lier; demeurer; fidélité
(conjugale)) est mis sur le même plan que celui de la mort :
ensevelir; mort; renoncer au monde
. C'est une opposition mort / vie
pour en arriver à dire que la fidélité est synonyme de mort et
l'infidélité de vie! Carractère paradoxale par rapport à la morale.
Les ridicules, personnes de basses classes, d'un rang peu élevé, (aussi
les dévots peut-être) ont le faux honneur
d'être fidèle.
Un vrai honneur s'oppose à ce faux honneur
. Il faut aimer toutes
les femmes, c'est leur faire honneur, et leur rendre justice : toutes
les belles ont le droit de nous charmer; justes prétentions
. Cette
justice est voulu par la nature.
Les justes prétentions qu'elles ont dans nos coeurs
. Donc aimer
toutes les femmes est un devoir. De plus, Dom Juan ne peut résister à
la nature : ravie; cède facilement; nous entraine
. Pour Dom Juan,
obéir à cette loi est facile.
Oxymore : douce violence
.
Les hommages... où la nature (≠ morale) nous oblige
: Il y a un
renversement. Dom Juan associe la nature à la morale : tributs,
mérites
la nature oblige
.
Dom Juan à l'impression d'être généreux, d'avoir un grand cœur : je
ne puis refuser; si j'en avais 10 000...
. Cette générosité est un
alibi (prétexe) de la perversité.
Donc, les principes de Dom Juan sont la générosité, l'honneur, la vie, au nom de la beauté, de la nature. Ce sont de beaux principes, mais qui ne sont que des prétextes et des justifications contestables aux actions indignes de Dom Juan.
vaincre; triompher; conquérants; image du siège :
réduire; image du duel :
forcer le pied.
Larmes; soupirs. Il essaie de toucher la femme par la vanité, en la réhaussant :
hommages; transports. Dom Juan a une stratégie toute préparée :
où l'on veut la faire venir. Rien n'est scincère. De plus c'est une action qui demande de la patience :
mener doucement.
résistances; opposeavec ses armes à elle :
scrupules; pudeur, son éducation avant de capituler :
rendre les armes; lorsqu'on en est maître une fois.
à combattre, à forcer, à réduire. Répétition de la même construction.
Vocabulaire de la victoire : maître
.
tout le beau de la passion est fini ; tranquillité; endormissons, image de l'inaction et de l'ennui, presque de la mort. L'attachement tue la vie, ce qui est beau, c'est de conquérir.
maitre; fini. Pour Dom Juan, aimer = maîtriser. Dom Juan semble assez incertain de lui-même : il a besoin de voir qu'il est le plus fort.
Conquête = expansion.
Le rythme ternaire de la phrase mime cette expension. La phrase
s'étend avec l'emploie de et
et de qui
.
Image d'Alexandre le Grand qui représent à la fois le grand vainqueur et conquérant militaire, et celui qui a accumulé les conquêtes amoureuses.
Dom Juan est un éternel chasseur : tout comme Alexandre, Tout
le plaisir de l'amour est dans le changement
. (Il n'aime changer
sans cesse.)
Dom juan estime que sa conduite est acceptable, juste, et que c'est même un devoir répondant aux règles de la nature. De plus, il compare souvent la fidèlité à l'ennuie, à la mort.
De plus, ce qui interesse et même passionne Dom Juan, c'est la chasse plutôt que la prise : il ne peut rester avec celle qu'il vient de conquérir car son amour s'éteind alors. Il aimerait conquérir toutes les belles femmes du monde.
Dom Juan et Sganarelle sont en fuite en forêt, étant poursuivis par
des hommes à cheval
, les frères d'Elvire en fait. Ils sont donc
en fuite à cause des actions de Dom Juan, immorales religieusement.
Sganarelle essaie donc à travers cette tirade, de convaincre Dom Juan de l'existence de Dieu. Il est déguisé en médecin, ce qui va en quelle que sorte lui faire prendre de l'esprit. Nous verrons donc comment il défend sa thèse, l'existence de Dieu, mais nous verrons aussi comment ses arguments sont tournés en dérision par l'auteur.
Pour Sganarelle, la sagesse vient du bon-sens et non du savoir. Le bon
sens engendre la sagesse populaire alors que le savoir engendre la
folie intellectuelle. Pour avoir bien étudier on en est bien moins
sage le plus souvent
(l89). Il s'oppose ainsi à Dom Juan, plus
cultivé : avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les
choses mieux que tous les livres
(l94). Opposition petit
≠
tous
(les livres). Il prend la défense des gens de bons sens
contre les intellectuels.
Sganarelle dit : je vois; nous voyons
(l93-95). Il se base sur
une observation du concret, car il ne peut pas discuter sur de
l'abstrait, étant trop inculte comme il le disait un peu plus tôt. De
plus, il pense peut-être ainsi convaincre Dom Juan qui ne croit que ce
qu'il croit : Votre religion, à ce que je vois, est donc
l'arithmétique ?
(l87).
Sganarelle veut montrer par l'existence du monde qui l'entoure, qu'il
a été créé par Dieu. Sganarelle reprend les grandes idées : Qui a fait
le monde ? avec les arguments des causes finales
: l'existence
de Dieu est prouvée par l'existence du monde. Il utilise des exemples
familiers, ce qu'il peut observer autour de lui : ces arbres-là, ces
rochers, cette Terre
avec de nombreux démonstratifs qui insistent
sur le fait que ce monde est concret et réel. Ces exemples sont tiré du
macrocosme. De plus Sganarelle résonne par analogie : Dom Juan ne s'est
pas fait tout seul. Donc, de la même façon l'univers ne s'est pas fait
tout seul.
Sganarelle prend des exemples dans le microcosme pour montrer que, le
monde étant bien fait, Dieu existe nécessairement. L'organisme est
organisé : sans admirer de quelle façon cela est agencé l'un dans
l'autre
. Ce monde est harmonieux : admirer
. Sganarelle
montre que tout a un but, une fin et il a bien fallu que quelqu'un
pense et fasse tout cela. Et comme le monde fonctionne bien : le
créateur est d'intelligence supérieur.
Il montre à travers ses propres actions que l'esprit gouverne la matière, qu'il peut faire ce qu'il veut, Dieu gouvernant son corps.
Sganarelle défend un paradoxe : la sagesse vient de l'ignorance, donc
de la bêtise. Sganarelle se félicite de son manque de culture :
je n'ai point étudié comme vous. Dieu merci
(l91). Le spectateur
(ou le lecteur) peut se demander quelle peut être la crédibilité des
arguments défendu par un homme qui vante l'ignorance.
Les exemples de Sganarelle sont ceux de son environnement immédiat. Il n'en a pas d'autres.
Sganarelle ne sait pas aller au bout de son raisonnement : ses arguments sont des longues listes d'exemples très proches les-uns des autres. De plus, il perd ses moyens et manque de mots, s'embrouille, hésite, laisse des blancs. Il demande même à Dom Juan de l'aider pour être contredit.
Sganarelle est dans cet habit de médecin, et l'on sait à quel point Molière n'appréciait pas les médecins. Molière donne donc un certain ridicule au personnage de Sganarelle.
Sganarelle cherche à montrer que l'esprit gouverne la matière, mais sa chute finale, l'observation de Dom Juan, donne un caractère ridicule à la thèse précédemment défendue.
Cette tirade de Sganarelle lui donne l'occasion de défendre la religion, et d'essayer de convaincre Dom Juan de l'existence de Dieu. Sganarelle fait son possible pour être convainquant. Cependant, on voit que Molière tourne en dérision les idées qu'il défend (les causes finales), car celles-ci sortent de la bouche d'un homme du peuple inculte, inapte à faire un raisonnement, et maladroit.
On peut se demander si Molière partage l'athéisme de Dom Juan qu'il semble défendre.
Dom Juan et Sganarelle sont toujours en fuite. Ils sont dans une fôret. Ils sont perdu mais ils rencontrent alors un pauvre, un ermite, qui va leur permettre de trouver leur chemin. Le thème de cette scène va être une nouvelle fois la religion et nous verrons comment Dom Juan provoque le pauvre et, ce qu'il représente, la religion. Nous verrons ensuite comment la religion est tournée en ridicule.
Sganarelle pose la question, mais c'est Dom Juan qui répond en
remerciant exagérément le pauvre pour son aide. Cette politesse
hyperbolique (bien obligé
) de Dom Juan fait que le pauvre se
permet de demander l'aumone.
Ah! ah! Ton avis est interessé, à ce que je vois.
alors que le
pauvre vit de la mendicité. L'emploi du tu
rabaisse le pauvre.
De plus, Dom Juan emploie un ton ironique : Il ne se peut donc pas
que tu sois bien à ton aise ?
(l25).
Quelle est ton occupation parmi ces arbres ?
. Dom Juan se moque
de son attitude, tout à fait noble pour le XVIIème siècle.
Le parmi
met sur le même plan le pauvre et les arbres. Le
ces
est dépreciatif, dévalorisant.
Ah! ah! Je m'en vais te donner un Louis d'or tout à l'heure, pourvu
que tu veuilles jurer.
.Dom Juan fait non seulement attendre le
pauvre, car il donnera le Louis d'or de toute façon, mais il devient le
tentateur, proposant au pauvre un chantage diabolique en
voullant le faire blasphémer. Dom Juan veut se rendre maître de la
conscience du pauvre, comme il se rend maître des femmes.
Pour Dom Juan, la conduite du pauvre est absurde. Au lieu de demander le ciel de donner aux gens de bien, pour qu'ils lui donnent après de quoi survivre, il devrait demander directement à Dieu de lui donner de quoi survivre. Cette idée, qui sort de la bouche d'un athé (Dom Juan) peut parraître aussi très logique au spectateur, ce qui discrédite la conduite du pauvre, et ainsi la religion.
Tu es bien mal reconnu de tes soins
: Dom Juan dénonce
l'ingratitude du ciel et de la providence : le pauvre donne tout,
mais ne reçoit rien. Dom Juan veut démontrer qu'il n'y a pas de
relations "Dieu / Hommes" et veut insinuer le doute dans l'esprit du
pauvre.
Sganarelle qui s'était dit très convaincu religieusement la scène
précedente, qui avait de lui l'image d'un bon chrétien par rapport à
Dom Juan dit dans cette scène au pauvre: Va, va, jure un peu, il
n'y a pas de mal.
. Le terme un peu
est absurde! Cela montre
que Sganarelle n'hésiterait pas à jurer si cela lui était profitable,
tout en se disant croyant. Cela remet sa croyance en cause, et cela
montre à quel point il est profiteur et lâche. Dom Juan, qui finit par
donner le Louis au pauvre, apparait comme étant plus horrible, certes,
mais surtout plus honnête, alors qu'il n'est pas croyant.
Dom Juan ne peut s'empêcher de critiquer et provoquer les croyants, et de remettre en cause la religion et la providence. Molière semble lui donner raison, le pauvre et Sganarelle n'étant pas assez convainquants dans leurs rôles.
Cependant, Dom Juan fait figure d'un personnage vraiment diabolique et insupportable dans cette scène. La fin de la scène a d'ailleurs été censurée par Molière lui-même, le public l'ayant trouvé trop choquante.
L'acte Ⅳ est celui des visites. Scène 3 : la visite de M. Dimanche symbolise les interêts de la Terre. Scène 6 : Done Elvire tente de secourir l'âme de Dom Juan. Cette scène avec la visite de son père, Dom Louis, symbolise l'honneur, et se trouve donc entre les intérêts de la Terre et les intérêts spirituels.
Dans sa tirade, Dom Louis fait des reproches à son fils sur deux plans : sur le fait qu'il soit son fils et sur le fait, qu'il soit un gentilhomme. Explication linéaire pour voir comment s'enchainent les reproches de Dom Juan.
Dom Louis va dirrectement au but : Je vois bien que je vous
embarasse
. Il résume la situation entre les 2 personnages : c'est
une atmosphère de conflits qui est réciproque : nous nous
incommodons
.
Ce conflit est marqué par les oppositions de pronom personnels tels que :
je
≠ vous
; nous nous
≠ vous vous
. Cela
renforce l'idée d'une situation conflictuelle.
Les parallélismes : vous êtes las; je suis bien las
montrent
quel est l'état d'esprit de Dom Louis, son découragement, sa lassitude,
et qu'il s'agit d'une situation de crise.
Il y a une opposition entre ce qu'il espérait et le résultat, le
comportement actuel de son fils : hélas!
est un ton de
souffrance, de tristesse. Oppositions passé ≠ présent; espérance ≠
résultat; désir ≠ insatisfaction; chagrin; supplice
≠ joie;
consolation
.
J'ai souhaité un fils... Et ce fils
montre la déception du père
qui souhaitait transmettre son titre de noblesse, son héritage, par
soucis de descendance.
Il y a des parallélismes entre j'ai souhaité; j'ai demandé
et
ardeurs non pareilles; transports incroyables
. Cette redondance
est utilisée par Dom Louis pour toucher l'émotion de Dom Juan, pour
insister. Il y a aussi une opposition avec j'ai souhaité un fils; ce
fils
.
En fait, la grande différence d'âge entre Dom Juan et Dom Louis fait qu'ils ont deux mentalités différentes. Dom Louis est homme de l'époque de Louis XIII à l'instar de Don Diègue dans le Cid, alors que Dom Juan est le jeune homme qui annonce déjà la liberté d'esprit et de comportement du XVIIème siècle. Ils sont de siècles différents.
Ton de colère : Dom Louis apostrophe Dom Juan avec véhémence : de
quel oeil
.
Il y a redondance dans l'expression : amas d'actions indignes
=
suite continuelle de méchantes affaires
et on a peine
=
qui nous réduissent
. C'est un genre de gradation.
Dom Louis subit : nous réduissent
. Sens passif ⇒ impuissance.
Dom Juan est maintenant seul : la patience, la grâce de Dieu est achevée. Les amis ne sont plus d'aucune utilité, ils sont impuissants. Donc, la seule possibilité qu'a Dom Juan pour s'en sortir est de se convertir, de se repentir. (l20-22).
Le ton noble du père qui se traduit par un style oratoire (oppositions, parallélismes, redondances). Dom Louis essaie de toucher son fils.
Il y a un décalage entre le père et le fils et il y a un rapport de force entre les deux personnages. Pour essayer de convaincre Dom Juan, Dom Louis met en avant les devoirs de Dom Juan en tant que fils et en tant que gentilhomme.
La scène est l'une des dernière de la pièce. À la surprise générale, Dom Juan a changé brusquement de comportement en annonçant sa conversion. Dom Louis ne le reconnaît plus. Sganarelle a une fonction dramatique : il est le confident de Dom Juan; Dom Juan lui avoue son jeu et on apprend son comportement hypocrite.
Le sujet principal est l'hypocrisie religieuse (des dévôts). Dom Juan se justifie auprès de Sganarelle en faisant l'éloge de l'hypocrisie. Mais derrière cette éloge, Dom Juan en profite pour critiquer la tromperie des faux-dévôts.
Réflexion en trois temps :
tous les vices à la mode passent pour vertu.
l'hypocrisie est un vice à la mode.
il n'y a plus de honte maintenant à cela.
C'est un faux syllogisme car il donne à sa réflexion un caractère irréfutable : c'est un sophisme.
En concluant, que l'hypocrisie est une vertue, il a un prétexte et une justification auprès de Sganarelle.
C'est un vice privilégié car il apporte tous les droits (Ancien Régime)
et tous les pouvoirs, notamment celui de la censure : ferme la
bouche
. Cela rappelle la censure aux adversaires des Dévôts, dont
Molière à été victime avec le Tartuffe.
L'hypocrisie fait peur : on n'ose rien dire contre elle
.
Hyperbole : ont la permission d'être les plus méchants du monde.
.
Véritable profession
ou véritable école, ce qu'il fait qu'ils
sont invulnérables : impunité souveraine
.
Cette confrérie fonctionne avec la solidarité : qui en choque
un se les jette tous sur les bras
. Il n'est donc pas possible de les
attaquer. C'est une organisation : les gens du parti
.
Molière met hors de cause les vrais dévôts : ceux qui agissent de
bonne foi
car ils sont les victimes des faux dévôts :
sont toujours les dupes des autres; ils donnent hautement dans le
panneau
.
Les faux dévôts sont des imitateurs des vrais : singes,
grimaciers, grimaces
.
rhabillé; habit respecté.
bouclier.
combien crois-tu.... C'est alors Molière qui parle.
Tromperie : ils essaient de tourner la situation à leur avantage :
quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements
d'yeux rajustent dans le monde tous ce qu'ils peuvent faire
.
Molière se sert du personnage de Dom Juan pour régler ses compte avec les dévots.
La fin de Dom Juan est annoncée car il est allé trop loin dans le mensonge et la provocation de Dieu.
La construction dramatique est l'évolution et la manière dont évolue l'action de la pièce. On peut remarquer trois points importants :
Non respect des règles classiques, contradiction :
(Séparation des genres.)
Spectre, femme voilée, statue du commandeur animée.
C'est l'héritage baroque. Dom Juan est un personnage baroque à l'origine. Dom Juan ne peut pas rester en place, il change sans cesse de lieux, cela montre qu'il change aussi à chaque fois de femmes. Donc, Molière utilise le baroque dans la mise en scène.
Le changement de lieux donne le sentiment que la pièce est une succession de tableaux, donc de thèmes.
Dom Juan est confronté aux autres :
Avec les personnages entre eux :
j'aime mieux mourir de faim) alors que Sganarelle représente les intérêts matériels immédiats (il s'empiffre au repas).
(Elle est dénoncée par Sganarelle (c'est abominable
).)
Elles sont des victimes de Dom Juan car il les trompe et se moque d'elles (Ⅱ,4 : Dom Juan se moque de la crédulité des femmes Charlotte et Mathurine.). Elvire ressemble à une héroïne de Tragédie car c'est un personnage déchiré, brisé (Ⅰ,3 : elle supplie Dom Juan de lui laisser ses illusions, de lui prouver son amour.) Elle souffre (Ⅰ,3 : elle passe du "vous" au "tu", dans les tragédies : passion qui ne se domine plus.).
Il le ridiculise. (Ⅲ,2) Il le rabaisse, dénonce sa conduite absurde et le place face à la tentation du blasphème pour obtenir une pièce. Dom Juan répand le mal.
Dom Juan va de provocations en provocations (sur tous les points).
Dom Juan est cependant prévenu par les menaces humaines et divines :
Elvire et Sganarelle préviennent Dom Juan qu'il est menacé et que la
patience divine ne sera pas éternelle. Déjà en Ⅰ,1, Sganarelle annonce
le dénouement, les conséquences de la conduite de Dom Juan (suffit
qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour
). Dans
Ⅰ,2, il réaffirme ses craintes (Un libertin ne fait jamais bonne
fin
). Dans Ⅰ,3, Elvire annonce qu'il sera punit pour ses crimes
(Le ciel te punira, perfide, de l'outrage que tu me fais
). Dans
Ⅳ,1, après la visite dans le tombeau, Sganarelle prend peur, mais Dom
Juan refuse de se convertir malgré les interventions divines. Dans
Ⅳ,6, Elvire revient plus désespérée que jamais.
Dom Juan est finalement châtié car les manifestations du ciel sont de plus en plus importantes et de plus en plus précises : la découverte de la statue qui symbolise la vengeance ou la justice de Dieu. Dernier avertissement : un spectre apparaît. Le châtiment : la Statue revient et attire la foudre sur Dom Juan et le précipite dans un abîme de feu.
Dans Dom Juan, Molière anticipe un peu sur ce qui s'appellera le drame chez les romantiques (car représentation de plusieurs étages de la société, de plusieurs actions, de tragique et comique mêlés...). C'est une pièce riche en thèmes et tableaux.
Dans toutes les pièces au sujet de Dom Juan, Dom Juan est accompagné d'un valet, qui est lâche. On peut parler de couple, car, Dom Juan et Sganarelle sont pratiquement toujours ensemble dans cette pièce. La présence de Sganarelle dans cette pièce de Molière donne un ton de farce à cette comédie.
Dom Juan et Sganarelle sont deux personnages bien différents, même opposés. Ce sont deux personnages antithétiques qui remplissent dans la pièce une fonction thématique et une fonction dramatique.
Dom Juan et Sganarelle représentent deux personnages et donc des thèmes opposés.
La relation dominante est celle du dominant / dominé (voir de l'exploiteur / exploité) du point de vue social.
Relations maître / valet : Dom Juan dirige le dialogue : il donne
à son domestique la permission de parler (Ⅰ,2 : Je te donne la
liberté de parler et de me donner tes sentiments
.) ou l'arrête avec
force quand il veut : Ⅳ,5. Dom Juan se sert de son valet comme porte
parole avec le pauvre (Ⅲ,1 : Appelle un peu cet homme que voilà
là-bas
) ou avec la statue du commandeur (Ⅲ,5 : Demande-lui s'il
veut venir souper avec moi
). Sganarelle est soumis et exécute les
ordres de Dom Juan, quels que soient ses sentiments ou son embarras.
Grand seigneur / petit peuple ; le lettré / l'illettré.
Sganarelle préfère la sécurité (donc la soumission et la dépendance) alors que Dom Juan préfère la liberté (donc insoumission, rejets de toutes les règles : fidélité ou respect.
Sganarelle est plus peureux et plus lâche que son maître (Ⅲ,5), plus courageux.
Sganarelle est niais et Dom Juan roué.
Sganarelle est le crédule, le superstitieux (Ⅲ,1 : il
mélange le Moine-Bourru; l'enfer; le diable; l'autre vie; le
loup-garou; les miracles de la médecine
), alors que Dom Juan est
l'incrédule, le rationnel (Ⅲ,1 : je crois que 2 et 2
sont 4, Sganarelle, et que 4 et 4 sont 8.
).
Sganarelle joue un double rôle dans ce couple : un rôle d'opposant et un rôle d'adjuvant.
À de nombreuses reprises, Dom Juan insulte fortement son valet
(traître; coquin maraud;...
) et, par derrière, Sganarelle fait
de même (Ⅰ,1).
Sganarelle est présent aussi pour avertir tout au long de la pièce
Dom Juan du châtiment final qu'il risque : les libertins ne font
jamais une bonne fin.
(Ⅰ,2) et vous serez damné à tous les
diables
(Ⅴ,2).
Dom Juan et Sganarelle s'opposent sur les idées : la religion et la morale. Dom Juan est l'idéal du libertin et Sganarelle est la caricature du dévot. Sganarelle commente et dénonce la conduite de son maître régulièrement.
Dom Juan et Sganarelle sont complices de longues dates, car Sganarelle est témoin de toute la vie privée de son maître, il est le complice de ses aventures et de ses mésaventures (le naufrage en barque).
Sganarelle aide parfois son maître dans ses ruses et dans ses
aventures : Non, non, ne craignez point, il se mariera avec vous tant
que vous voudrez.
(Ⅱ,2). Va, va jure un peu, il n'y a pas de
mal
(Ⅲ,2).
Dom Juan est seul, et son valet est son seul complice, son seul confident.
Sganarelle est le public de Dom Juan qui communique à lui et donc aux spectateurs ses intentions et ses sentiments et réciproquement, Dom Juan aime écouter Sganarelle parler.
Dom Juan et Sganarelle sont deux personnages différents, mais complémentaires, et le couple formé de l'opposition de 2 types social, 2 types d'hommes, de caractères à non seulement une fonction comique importante, mais permet aussi à Molière de discuter, de faire débattre ses personnages sur des sujets sensibles à l'époque comme la morale, le libertinage et la religion.